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CALEPIN D’UN POÈTE


POÉSIE. Est-il impossible, moyennant le temps, l’application, la finesse, le désir, de procéder par ordre pour arriver à la poésie ?

Finir par entendre précisément ce que l’on désirait entendre, par une habile et patiente conduite de ce même désir ?

Tu veux faire tel poème, de tel effet environ, sur tel sujet ; ce sont d’abord des images de divers ordres. Les unes, personnages, paysages, aspects, attitudes ; les autres, voix informes, notes...

Les mots ne sont encore que des écriteaux.

D’autres mots ou lambeaux de phrases n’ont pas leur emploi, mais veulent être employés et flottent.

Je vois tout et je ne vois rien.

D’autres images me font voir de tout autres conditions. Elles semblent présenter les états d’un individu