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N’est pas l’épouvantable éclair
Qui nous devance et nous devine
Comme un songe cruel et clair !
Il éclate !... Il va nous instruire !...
Non !... La solitude vient luire
Dans la plaie immense des airs
Où nulle pâle architecture,
Mais la déchirante rupture
Nous imprime de purs déserts !

N’allez donc, mains universelles,
Tirer de mon front orageux
Quelques suprêmes étincelles !
Les hasards font les mêmes jeux !
Le passé, l’avenir sont frères
Et par leurs visages contraire
Une seule tête pâlit
De ne voir, où qu’elle regarde,
Qu’une même absence hagarde
D’îles plus belles que l’oubli.

Noirs témoins de tant de lumières
Ne cherchez plus... Pleurez, mes yeux !
Ô pleurs dont les sources premières
Sont trop profondes dans les cieux !...