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Prenant à vos regards cette parfaite proie,
Du monstre de s’aimer faites-vous un captif ;
Dans les errants filets de vos longs cils de soie
Son gracieux éclat vous retienne pensif ;

Mais ne vous flattez pas de le changer d’empire.
    Ce cristal est son vrai séjour ;
    Les efforts mêmes de l’amour
Ne le sauraient de l’onde extraire qu’il n’expire…

PIRE.
PIRE. Pire ?…
PIRE. Pire ?… Quelqu’un redit Pire… Ô moqueur !
Écho lointaine est prompte à rendre son oracle !
De son rire enchanté, le roc brise mon cœur,
    Et le silence, par miracle,
Cesse !… parle, renaît, sur la face des eaux…
Pire ?…
Pire ?… Pire destin !… Vous le dites, roseaux,
Qui reprîtes des vents ma plainte vagabonde !
Antres, qui me rendez mon âme plus profonde,
Vous renflez de votre ombre une voix qui se meurt…
Vous me le murmurez, ramures !… Ô rumeur
Déchirante, et docile aux souffles sans figure,
Votre or léger s’agite, et joue avec l’augure…