Elle se sent surprendre, et pâle, appartenir
À ce tendre présage
Qu’une présente chair tourne vers l’avenir
Par un jeune visage…
Mais toi, de bras plus purs que les bras animaux,
Toi qui dans l’or les plonges,
Toi qui formes au jour le fantôme des maux
Que le sommeil fait songes,
Haute profusion de feuilles, trouble fier
Quand l’âpre tramontane
Sonne, au comble de l’or, l’azur du jeune hiver
Sur tes harpes, Platane,
Ose gémir !… Il faut, ô souple chair du bois,
Te tordre, te détordre,
Te plaindre sans te rompre, et rendre aux vents la voix
Qu’ils cherchent en désordre !
Flagelle-toi !… Parais l’impatient martyr
Qui soi-même s’écorche,
Et dispute à la flamme impuissante à partir
Ses retours vers la torche !
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