Page:Valéry - Œuvres de Paul Valery, Vol 2, 1931.djvu/84

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

passaient des rotations curieuses, — des changements si variés, si libres, et pourtant si limités, — des lumières comme celles que ferait une lampe portée par quelqu’un qui visiterait une maison dont on verrait les fenêtres dans la nuit, comme des fêtes éloignées, des foires de nuit ; mais qui pourraient se changer en gares et en sauvageries si l’on pouvait en approcher — ou en effrayants malheurs, — ou en vérités et révélations.

C’était comme le sanctuaire et le lupanar des possibilités.

L’habitude de méditation faisait vivre cet esprit au milieu — au moyen — d’états rares ; dans une supposition perpétuelle d’expériences purement idéales ; dans l’usage continuel des conditions-limites et des phases critiques de la pensée.

Comme si les raréfactions extrêmes, les vides inconnus, les températures hypothétiques, les pressions et les charges monstrueuses avaient été ses ressources naturelles — et que rien ne pût être pensé en lui qu’il ne le soumît par cela seul au traitement le plus énergique et ne recherchât tout le domaine de son existence.