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et qui s’évanouissent dans la solitude volontaire. Et même je ne pouvais songer qu’avec dégoût à toutes les idées et à tous les sentiments qui ne sont engendrés ou remués dans l’homme que par ses maux et par ses craintes, ses espoirs et ses terreurs ; et non librement par ses pures observations sur les choses et en soi-même.

J’essayais donc de me réduire à mes propriétés réelles. J’avais peu de confiance dans mes moyens, et je trouvais en moi sans nulle peine tout ce qu’il fallait pour me haïr ; mais j’étais fort de mon désir infini de netteté, de mon mépris des convictions et des idoles, de mon dégoût de la facilité et de mon sentiment de mes limites. Je m’étais fait une île intérieure que je perdais mon temps à reconnaître et à fortifier…


M. Teste est né quelque jour d’un souvenir récent de ces états.

C’est en quoi il me ressemble d’aussi près qu’un enfant semé par quelqu’un dans un moment de profonde altération de son être, ressemble à ce père hors de soi-même.

Il arrive, peut-être, que l’on abandonne de temps à autre à la vie la créature exceptionnelle d’un moment exceptionnel. Il n’est pas impossible, après tout, que la singularité de certains hommes, leurs valeurs