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Je ne vous ai jamais remercié d’une foule de choses, — même pas de m’avoir fait obtenir le service du Temps, vous qui vous inquiétiez aussi de mon éternité. Mais je ne sais à Paris où donner la tête. Tous les matins l’arrivée du courrier m’assomme en plein travail. À huit heures vingt, j’en ai mal aux entrailles, et je pressens la concierge aux vieilles mains pleines de plis qui se visse dans l’escalier des cuisines. Adieu, le dieu !

Figurez-Vous que j’ai mis un Horace dans ma valise, hommage étrange et secret à Hugo. Je n’avais jamais fréquenté ce Latin. Mes Latins ordinaires sont Virgile, Salluste et… Apulée pour lequel j’ai un faible : Avez-vous lu son Apologie pour la Magie ? Rien ne fait mieux sentir la vie même de la basse époque. On y voit les chrétiens sous une couleur singulière. Quant à l’Ane d’or on y trouve le style Goncourt Huysmans et des effets 1886 très heureux… déjà ! — Je reviens à Horace. Il me semble être sur le point de comprendre Le goût de Hugo pour lui. Hugo se nuit à soi-même par la quantité de ces dons. Le grand vers masque le petit, l’orchestre déchaîné néglige le lied.

De plus, il y a en lui (malgré qu’il en ait) un poète gréco-latin tout à fait délicat, pur, et d’une