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PROPOS
SUR LA POÉSIE[1]


Nous venons aujourd’hui vous entretenir de la poésie. Le sujet est à la mode. Il est admirable que, dans une époque qui sait être à la fois pratique et dissipée, et que l’on pourrait croire assez détachée de toutes choses spéculatives, tant d’intérêt soit accordé non seulement à la poésie même, mais encore à la théorie poétique.

Je me permettrai donc aujourd’hui d’être quelque peu abstrait ; mais, par là, il me sera possible d’être bref.

Je vous proposerai une certaine idée de la poésie, avec la ferme intention de ne rien dire qui ne soit de pure constatation, et que tout le monde ne puisse observer en soi-même ou par soi-même, ou, du moins, retrouver par un raisonnement facile.

Je commencerai par le commencement. Le commencement de cette exposition d’idées sur la poésie consistera nécessairement à considérer ce nom même, tel qu’il est employé dans le

  1. Conférence donnée à l’Université des Annales le 2 décembre 1927.