fort différents. Ces groupes seront demain en regard l’un de l’autre, ils seront en concurrence, en liaison ou en opposition entre eux. Il faut donc bien observer comparativement ce que nous faisons de nos enfants, et ce qu’en font les autres nations, et songer aux conséquences possibles de ces éducations dissemblables. Je n’y insisterai pas beaucoup. Mais je ne puis ne pas vous rappeler que, dans trois ou quatre grands pays, la jeunesse tout entière est, depuis quelques années, soumise à un traitement éducatif de caractère essentiellement politique. Politique d’abord, tel est le principe des programmes et des disciplines scolaires dans ces nations. Ces programmes et ces disciplines sont ordonnés à la formation uniforme des jeunes esprits, et des intentions politiques et sociales remarquablement précises l’emportent ici sur toutes considérations de culture. Les moindres détails de la vie scolaire, les manières inculquées, les jeux, les lectures offertes aux jeunes gens, tout doit concourir à en faire des hommes adaptés à une structure sociale et à des desseins nationaux ou sociaux parfaitement déterminés. La liberté de l’esprit est résolument subordonnée à la doctrine d’État, doctrine qui, sans doute, varie suivant les nations dans ses principes, mais qui est, on peut le dire, identique partout, quant à l’objectif d’uniformité souhaité. L’État se fait ses hommes.
Notre jeunesse trouvera donc très prochainement en face d’elle des jeunesses homogènes, façonnées, dressées et, pour ainsi dire, étatisées. L’État moderne de ce type ne souffre aucune discordance dans l’enseignement, et cet enseignement, qui commence dans l’âge le plus tendre, ne lâche plus sa proie, en continue et en parachève l’éducation par des systèmes postscolaires d’allure militaire.