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UN PROBLÈME D’EXPOSITION[1]

Le dessein de faire une Exposition propose, aussitôt conçu, une quantité de problèmes dans tous les ordres possibles. On pourrait même dire qu’il en propose une infinité, puisque, à chaque fois que l’on y pense, l’esprit ne manque pas de nous offrir une question nouvelle et quelque difficulté non encore aperçue.

Toutefois les difficultés qui naissent à chaque réflexion ne sont pas, d’ordinaire, indéterminées : il n’y a point de grands doutes sur les objets mêmes que l’on songe à exposer : il ne s’agit que de choisir entre des choses, d’en rechercher l’ordre le plus heureux et l’aspect le plus séduisant. Qu’il s’agisse de machines, de meubles, de tissus, d’ustensiles ou de fleurs ou d’animaux, l’on sait ce que l’on veut exposer et l’on n’a pas à inventer les produits ou les êtres mêmes que l’on songe d’offrir au regard du visiteur.

Mais supposez que l’on s’aventure à vouloir, parmi les autres parties d’une Exposition, faire place aux créations immédiates de la pensée et tenter de donner aux yeux le spectacle de l’effort intellectuel le plus élevé, et vous trouverez aussitôt devant vous l’obligation d’imaginer d’abord les dispositifs visibles qui pourront le mieux suggérer des travaux essentiellement invisibles.

Tel est le problème qui s’est imposé à quelques-unes des classes de l’Exposition de 1937 (Groupe I).

Toutes les classes du Groupe I, qui est le Groupe des Manifestations de la Pensée, ne sont pas également tourmentées par ce problème. Les sciences physiques et naturelles ont leurs appareils, leurs expériences, leurs collections à montrer. En ces matières, le travail intellectuel aboutit toujours à des actes

  1. Exposition de 1937. Groupe I. « Expressions de la Pensée ».