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activité multiple une certaine unité d’objectif, et non seulement il la prescrit dans son texte, mais il l’inscrit dans le nom même qu’il donne à la nouvelle institution “Centre Universitaire Méditerranéen”.

La notion infiniment riche de Méditerranée doit donc être la notion génératrice de nos programmes, notre sujet fondamental. Cette détermination n’est une restriction qu’en apparence : il suffit de songer un instant à ce que contient de possibilités une entreprise d’études méditerranéennes, — et cette entreprise est devant nous, — pour concevoir et admirer la fécondité d’une définition qui semblait d’abord limitative. Notre définition, qui assure d’abord une heureuse convergence de connaissances dans l’esprit de nos auditeurs, ne peut manquer, d’autre part, d’exciter, dans la pensée de nos conférenciers, la production de quantité de sujets et d’idées, d’intérêt puissant et nouveau, de suggérer des recherches et des découvertes, ne fût-ce que par le reclassement, le rapprochement, le placement dans une autre perspective, de questions déjà connues, car il n’est rien de réel qui n’ait une infinité d’aspects, et rien qui nous contraigne davantage à apercevoir des relations insoupçonnées et des problèmes inédits comme l’exploration systématique d’un domaine bien circonscrit.

Il est à souhaiter, pour la gloire de Nice et de la Nation, que notre Centre se manifeste et s’impose, quelque jour, comme le lieu d’élaboration d’une connaissance méditerranéenne, le point où se forme une conscience de plus en plus nette et complète de la fonction de cette mer privilégiée dans le développement des idéaux et des ressources de l’homme. L’ordre, en toute matière, est né sur ses bords. Notre époque excessive gagnerait à ne pas l’oublier.

PUBLICATIONS ÉVENTUELLES

Pourquoi ne pas envisager dès à présent la formation à Nice d’un trésor de documents méditerranéens ? Les premiers textes recueillis seraient les textes mêmes de nos conférences. Je les verrais volontiers publiés annuellement sous les armes de la Ville, et je tiendrais cette publication pour un des moyens les plus efficaces de notre action. N’oublions pas que la production publiée est le seul et authentique indice d’une vie intellectuelle, et que la rareté ou l’insignifiance des publications en province font trop souvent méconnaître ou mésestimer à l’étranger le mérite des travaux qui s’accomplissent en France hors de Paris.