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(Je dis alors à Eupalinos que j’en avais vu de bien remarquables dans ce dernier genre. Mais il ne m’entendit pas.) Ces loges mercantiles, ces tribunaux et ces prisons, quand ceux qui les construisent savent s’y prendre, tiennent le langage le plus net. Les uns aspirent visiblement une foule active et sans cesse renouvelée ; ils lui offrent des péristyles et des portiques ; ils l’invitent par bien des portes et par de faciles escaliers, à venir, dans leurs salles vastes et bien éclairées, former des groupes, se livrer à la fermentation des affaires… Mais les demeures de la justice doivent parler aux yeux de la rigueur et de l’équité de nos lois. La majesté leur sied, des masses toutes nues ; et la plénitude effrayante des murailles. Les silences de ces parements déserts sont à peine rompus, de loin en loin, par la menace d’une porte mystérieuse, ou par les tristes signes que font sur les ténèbres d’une étroite fenêtre, les gros fers dont elle est barrée. Tout ici rend les arrêts, et parle de peines. La pierre prononce gravement ce qu’elle renferme ; le mur est implacable ; et cette œuvre, si conforme à la vérité, déclare fortement sa destination sévère…

Socrate

Ma prison n’était point si terrible… Il me semble