Page:Valéry - Œuvres de Paul Valery, Vol 1, 1931.djvu/76

Cette page n’a pas encore été corrigée


Socrate

Hélas !

Phèdre

J’étais lié d’amitié avec celui qui a construit ce temple. Il était de Mégare et s’appelait Eupalinos. Il me parlait volontiers de son art, de tous les soins et de toutes les connaissances qu’il demande ; il me faisait comprendre tout ce que je voyais avec lui sur le chantier. Je voyais surtout son étonnant esprit. Je lui trouvais la puissance d’Orphée. Il prédisait leur avenir monumental aux informes amas de pierres et de poutres qui gisaient autour de nous ; et ces matériaux, à sa voix, semblaient voués à la place unique où les destins favorables à la déesse les auraient assignés. Quelle merveille que ses discours aux ouvriers ! Il n’y demeurait nulle trace de ses difficiles méditations de la nuit. Il ne leur donnait que des ordres et des nombres.

Socrate

C’est la manière même de Dieu.

Phèdre

Ses discours et leurs actes s’ajustaient si heureusement