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Les méprises, les apparences, les jeux de la dioptrique de l’esprit, approfondissent et animent la misérable masse du monde… L’idée fait entrer dans ce qui est, le levain de ce qui n’est pas… Mais enfin la vérité quelquefois se déclare, et détonne dans l’harmonieux système des fantasmagories et des erreurs… Tout menace aussitôt de périr, et Socrate en personne me vient demander un remède, pour ce cas désespéré de clairvoyance et d’ennui !…

SOCRATE

Eh bien, Éryximaque, puisqu’il n’est point de remède, peux-tu me dire, tout au moins, quel état est le plus contraire à cet horrible état de pur dégoût, de lucidité meurtrière, et d’inexorable netteté ?

ÉRYXIMAQUE

Je vols d’abord tous les délires non mélancoliques.

SOCRATE

Et ensuite ?

ÉRYXIMAQUE

L’ivresse, et la catégorie des illusions dues aux vapeurs capiteuses.