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Dieu que l’on trouve ainsi n’est que parole née de parole, et retourne à la parole. Car la réponse que nous nous faisons n’est jamais assurément que la question elle-même ; et toute question de l’esprit à l’esprit même, n’est, et ne peut être, qu’une naïveté. Mais au contraire, c’est dans les actes, et dans la combinaison des actes, que nous devons trouver le sentiment le plus immédiat de la présence du divin, et le meilleur emploi de cette partie de nos forces qui est inutile à la vie, et qui semble réservée à la poursuite d’un objet indéfinissable qui nous passe infiniment.

Si donc l’univers est l’effet de quelque acte ; cet acte lui-même, d’un Être ; et d’un besoin, d’une pensée, d’une science et d’une puissance qui appartiennent à cet Être, c’est par un acte seulement que tu peux rejoindre le grand dessein, et te proposer l’imitation de ce qui a fait toutes choses. C’est là se mettre de la façon la plus naturelle à la place même du Dieu.

Or, de tous les actes, le plus complet est celui de construire. Une œuvre demande l’amour, la méditation, l’obéissance à ta plus belle pensée, l’invention de lois par ton âme, et bien d’autres choses qu’elle tire merveilleusement de toi-même, qui ne soupçonnais