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Socrate

Par principes séparés.

Phèdre

Je vois bien ces principes et cette séparation dans les choses spéculatives ; mais le réel se prête-t-il aussi bien à ces distinctions ?

Socrate

Pas si aisément. Tout ce qui est sensible existe, en quelque sorte, de plusieurs façons. Tout ce qui est réel tient à une infinité de suites, remplit mille fonctions ; il emporte avec soi bien plus de caractères et de conséquences que l’acte d’une pensée n’en peut embrasser. Mais dans certains cas, et pour un certain temps, l’homme se soumet cette réalité si nombreuse et en triomphe quelque peu.

Phèdre

J’ai entendu les mêmes choses au Pirée. Une bouche très salée tenait des propos peu différents de ceux-ci. Elle disait crûment qu’il fallait ruser avec la nature ; et, suivant l’occurrence, l’imiter pour la contraindre, l’opposer à elle-même, et lui ravir les secrets qui se retournassent contre son mystère.