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d’hommes convergent lentement vers la figure la plus économe et la plus sûre : celle-ci atteinte, tout le monde l’imite ; et les millions de ces répliques répondent à jamais aux myriades de tâtonnements antérieurs, et les recouvrent. Cela se voit jusque dans l’art capricieux des poètes, et non seulement dans le matériel du charron et de l’orfèvre… Qui sait même, Phèdre, si l’effort des humains dans la recherche de Dieu ; les pratiques, les prières essayées, la volonté obstinée de trouver les plus efficaces… Qui sait si les mortels, à la longue, ne trouveront pas une certitude, — ou une incertitude, stable, et conforme exactement à leur nature, — sinon à celle même du Dieu ?

Phèdre

Il y a aussi des discours si brefs, et dont quelques-uns n’ont qu’un mot ; mais si pleins, et qui dans leur nette énergie, répondent à tout si profondément, qu’ils paraissent concentrer des années de discussions internes et d’éliminations secrètes ; ils sont indivisibles et décisifs comme des actes souverains. Les hommes vivront longtemps de ces quelques paroles !… Et les géomètres ? Crois-tu qu’il n’y ait pas chez eux une recherche singulière, et des exemples