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cette division doive nécessairement se réveiller, de temps à autre.

Phèdre

L’homme qui dort prend quelquefois sa jambe pour une pierre, et son repos pour un mouvement. Il prend son désir pour une lumière ; le bruit de son sang pour une voix mystérieuse ; le sentiment de son propre visage effleuré par une mouche lui apparaît un visage terrifiant qui le poursuivrait… Mais, en effet, tout cela ne saurait durer. Il se réveille, rejetant le passé loin de son corps, le réservant à son âme ; il divise de nouveau toutes choses et se rebâtit selon ses principes.

Socrate

Il est donc raisonnable de penser que les créations de l’homme sont faites, ou bien en vue de son corps, et c’est là le principe que l’on nomme utilité, ou bien en vue de son âme, et c’est là ce qu’il recherche sous le nom de beauté. Mais, d’autre part, celui qui construit ou qui crée, ayant affaire au reste du monde et au mouvement de la nature, qui tendent perpétuellement à dissoudre, à corrompre, ou à renverser ce qu’il fait ; il doit reconnaître un