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Il y a, enfin, les œuvres de l’homme, qui traversent, en quelque sorte, cette nature et ce hasard ; les utilisant, mais les violant, et en étant violées selon ce que nous avons dit, il y a un instant.

Or, l’arbre ne construit ses branches ni ses feuilles ; ni le coq son bec et ses plumes. Mais l’arbre et toutes ses parties ; et le coq, et toutes les siennes, sont construits par les principes eux-mêmes, non séparés de la construction. Ce qui fait, ce qui est fait, sont indivisibles ; et il en est ainsi de tous les corps vivants, ou quasi vivants, comme les cristaux. Ce ne sont pas des actes qui les engendrent ; et on ne peut expliquer leur génération par aucune combinaison d’actes, car les actes supposent déjà les vivants.

On ne peut dire, non plus, qu’ils soient spontanés, — ce mot est un simple aveu d’impuissance…

Nous savons, d’ailleurs, que mille choses sont nécessaires dans le voisinage de ces êtres, pour qu’ils soient. Ils dépendent de toutes choses, quoique l’action de toutes choses semble, à soi seule, incapable de les créer.

Mais quant aux objets faits par l’homme, ils sont dus aux actes d’une pensée.

Les principes sont séparés de la construction, et