Page:Valéry - Œuvres de Paul Valery, Vol 1, 1931.djvu/13

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


L’AME ET LA DANSE


ÉRYXIMAQUE

O Socrate, je meurs !… Donne-moi de l’esprit ! Verse l’idée !… Porte à mon nez tes énigmes aiguës !… Ce repas sans pitié passe toute appétence concevable et toute soif digne de foi !… Quel état que de succéder à de bonnes choses, et que d’hériter une digestion !… Mon âme n’est plus qu’un songe que fait la matière en lutte avec elle-même !… Ô choses bonnes et trop bonnes, je vous ordonne de passer !… Hélas, depuis la chute du jour que nous sommes en proie à ce qu’il y a de meilleur au monde, ce terrible meilleur multiplié par la durée, inflige une insupportable présence !… À la fin, je péris d’un désir insensé de choses sèches, et sérieuses, et tout à fait spiri-