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X PRÉFACE

rent le mieux ce qu’il est convenu d’appeler « l’esprit bien parisien », naquirent aux deux confins extrêmes de la France : Désaugiers à Fréjus, Gustave Nadaud à Roubaix ! Tant il est vrai que l’esprit et la gaîté sont bien et restent bien — quoi qu’en disent et pensent les centralisateurs à outrance — les qualités légendaires et indéniables de la race gauloise tout entière. Mais on ne peut nier cependant l’influence des « Petites patries » sur le génie particulier de leurs enfants : Désaugiers conservera, toute sa vie durant, la gaieté débordante, éclatante, ensoleillée de sa côte d’azur, tandis que Nadaud, entre deux joyeux refrains, nous soupirera tout à coup une romance douloureuse et douce comme le soleil embaumé de sa mélancolique Flandre.

Quel talent complexe et complet fut, en effet, Nadaud ! Lisez à haute voix ses chansons (car elles se lisent ; et dire dune chanson « qu’elle se lit » n’est pas en faire un mince éloge !) ; lisez à des auditeur* non prévenus ces joyeuses fantaisies : Bonhomme Les Deux Notaires, Carcas- sonne, Thomas et moi, Boisentier, Les Boulons, Les Deux Gendarmes, La Lettre à l’Etudiant, Le Roi boiteux, L’honnête Voleur, et ces petits drames en quelques couplets ; Les Trois Hussards,