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Il est probable que la prééminence de la force physique a édifié la domination et la hiérarchie, et instauré la notion d’autorité, dans les toutes premières agglomérations d’hommes, comme dans le reste de l’échelle des êtres. Phénomène normal, pour ainsi dire organique et automatique, imposé par la loi de la nature. Mais lorsque les sociétés sont devenues plus complexes et plus centralisées, le privilège des maîtres a continué à s’exercer sans être étayé par les mêmes raisons sommaires et péremptoires. L’ordre des facteurs s’est renversé : c’est la force qui a obéi. La loi des maîtres, quoique n’étant plus en réalité celle du plus fort, a duré ; elle a duré parce que c’était la loi, et elle a puisé dans cette situation de fait toute sa puissance artificielle. L’élan a duré par la force d’inertie, par la force — et la faiblesse — de l’habitude. La loi a dit : « Je veux ». Elle s’est installée, elle s’est transmise ; elle est devenue le monopole et la propriété d’une famille, d’une dynastie, d’une caste