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donc y pense sans inquiétude ? Sa violence vous effare… Cette grandiose inconnue ne vous rassure pas… Vous la critiquez déjà dans ses détails, que vous imaginez à votre fantaisie… Vous prévoyez gratuitement ses défaillances, ses manquements (certes qui ne défaille jamais, surtout à travers de telles tourmentes).

Mais il n’est pas question de tout cela. Il est simplement question de ceci : sauver la France, l’Europe, la civilisation des mains d’accapareurs à ce point déments qu’ils en sont à pratiquer la politique de la poule aux œufs d’or… Les ancêtres des capitalistes actuels avaient trouvé la loi d’airain : payer leurs hommes juste ce qu’il faut pour qu’ils leur rapportent le plus possible. C’était inique, mais ça se tenait. Nous n’en sommes plus là, entendez-vous bien. Aujourd’hui on laisse mourir exprès, sans soins, cinq cent mille tuberculeux militaires, qui répandent leur mal autour d’eux, et des dizaines de milliers de mutilés, de malades, parce que les employeurs gagnent davantage avec la main-d’œuvre noire et jaune. La voilà, la question : la France ne vivra, la race française ne durera que si les travailleurs prennent le gouvernail tout de suite. Nous sommes trahis.

Au reste, la déclaration de guerre sociale n’est pas notre fait. Ce n’est pas nous qui faisons mourir de faim, avec la collaboration des généraux boches, des enfants coupables de naître dans un état socialiste. La séquestration et la torture de la Russie constitue bien, n’est-ce pas, une déclaration de guerre sociale ? Non, ce n’est pas nous qui avons posé la « question de force ».

La classe ouvrière française s’affirme solidaire des bolcheviki. Non pas que nous soyons, nous bolcheviki. Le bolchevisme n’est que la formule russe du socialisme. Si Lénine ou Trotzky étaient Français, ils riraient de qui