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naison de mensonge qui les obligeait à gouverner, légiférer dans le mensonge. La vérité c’est que jamais le Parlement ne fut « l’expression souveraine du suffrage universel », jamais. Le Parlement fut l’expression d’un vote de confiance arraché au peuple par la caste capitaliste, et avec des procédés de foire.

À chaque coup ce fut une exhibition d’avocats malins, madrés, qui s’en venaient étourdir de flatteries « l’électeur ». Promesses énormes, science d’arracheurs de dents, déluge de papier, d’alcool, et de paroles, qu’avec le secret appui financier des profiteurs de la mort du peuple, les démagogues radicaux et nationalistes déversaient à pleines potées sur les foules, voilà par quels artifices se prolongeait — se prolonge encore — une société pourrie avant d’être morte.

Mais les dernières lampées de honte sont bues. Et il faut voir, dans l’universel dégoût qu’inspire le Parlement, le signe avant-coureur de la chute de la bourgeoisie capitaliste dont le Parlement fut l’organe.

Oh ! le prolétaire ne s’y trompe pas ! Quand il s’exprime en termes insultants sur la politique, c’est au Parlement qu’il pense, c’est à la bourgeoisie.

La preuve ? L’empressement qu’il met aux meetings, aux cortèges, aux manifestations. Politique tout cela ? Bien sûr ! Mais politique révolutionnaire ! Le mieux, c’est que les réactionnaires aussi font profession de mépriser la politique et les parlementaires ! Mais rien de commun avec le point de vue prolétarien ! Les uns remâchent de vieilles rancunes du siècle dernier, se croyant encore du temps de ces parlements républicains qui se dressaient fortement contre les chefs militaires, les chefs religieux, les diplomates, les châtelains… Le prolétaire, lui, reproche au Parlement un silence, une abdication de cinq ans.