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un secours. « Issu du suffrage universel », ne se devait-il pas d’écouter la voix du peuple, d’agir conformément aux intérêts de la nation et, dans un conflit entre la caste exploitante et la masse des travailleurs, se faire le champion des travailleurs.

L’intérêt de la France — les événements actuels le prouvent — voulait que les Alliés offrissent (offrir n’est pas demander) aux Empires Centraux de traiter sur les bases d’une paix juste, respectueuse du droit des peuples, sans annexion, sans indemnités, et ne laissant derrière elle ni rancune, ni orgueil, ni armées.

Que Guillaume eût refusé, cela paraît certain. Mais « son » peuple (les soldats français faits prisonniers l’attestent)[1] voulait la paix. La perspective d’en finir vite et sans se ruiner l’aurait si bien réduit qu’au lieu de ne faire sa révolution qu’en octobre 1918, il n’y aurait pas tardé.

Nous savons aujourd’hui pourquoi les Alliés n’ont pas adopté cette politique. Non seulement de honteux traités secrets les entravaient, mais aussi, et surtout ils redoutaient une révolution allemande. Liebknecht, d’ailleurs, fut de tous les Allemands le plus injurié par notre presse de droite. Les secours qu’en ce moment prodigue l’État-Major français au militarisme de Noske dans sa lutte contre le socialisme communiste, sont l’aveu. L’égorgement des peuples par eux-mêmes, en une immense opération de police réciproque — jusqu’au bout — voilà quel fut le but véritable de la guerre du Droit.

Dans ce long crime, la complicité du Parlement français « souveraine expression du suffrage universel », fut

  1. Voir les volumes de souvenirs écrits par des soldats retour d’Allemagne : le livre de Jacques Rivière, écrivain nationaliste, est le plus caractéristique, le plus net. Voir aussi Rieu.