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« Je te louons sur ta parure,
« Et tu prends ça pour une injure !
« T’as tort… — Moi tort ?… — Vante-t’en-z’en :
« Garde ton casaquin de bran,
« Ou mange-le, que nous importe ;
« Il est à toi, car tu le porte,
« Et not’garniture est à nous…
« — Quoi, dit Margot, vous fâchez-vous ?
« Queu chien d’train ! Tien, toi Françoise,
« T’as toujours eu l’âme sournoise,
« Ton esprit surpasse en noirceur
« L’trésorier de notre Seigneur :
« Tais-toi, n’échauffe pas Nicole,
« Autrement tiens, moi j’t'acole…
« — Toi m’acoler ! Ah j’te crains !
« Milguieux ! Si j’te prends aux crins !
« Tien veux-tu voir ?… — Oui, voyons, touche :
« Mais touche donc, tu t’effarouche ;
« Gueuse à crapeaux, coffre à graillon !
« Tu te pâme, hé vite un bouillon :
« La vla couleur de sucre d’orge ;
« L’onguent gris li monte à la gorge ;
« Ses beaux yeux bleux devenont blancs ;
« Vla comme tu fais des semblans
« Quand ton croc veut que tu partage
« Avec li ton vilain gagnage.

À ces mots, Françoise pâlit,
L’ardeur de vaincre la saisit.
Et d’un effort épouvantable,
Elle arrache un pied de la table,