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Je ne croirais jamais de telles impostures ;
Car, tenez, ces diseurs de bonnes aventures
Finissent toujours mal. S’ils, devinaient enfin ;
Ils sauraient se prédire une meilleure fin.

Le chevalier

De ces gens quelquefois la science est bornée :
Mais celui qui fans fard m’apprit ma destinée,
Sur le passé si bien a su me définir,
Que mon esprit frappé le croit sur l’avenir.
C’est lui qui m’a prédit qu’une Canadienne,
Par sa flamme, bientôt allumerait la mienne,
Et ferait mon bonheur. J’en suis certain.

Frontin

Et ferait mon bonheur. J’en suis certain. Oui da !
C’est-à-dire, qu’il faut vous suivre en Canada ?
Ma foi, votre valet. Qui voudra partir, parte.
Si j’aime à voyager, ce n’est que sur la carte :
On y voit sans danger les Indes, le Pérou :
Mais courir jusques-là ? Je ne fuis pas si fou
Voir cent originaux, ne connaître personne ;
Des voleurs en chemin, qui veulent qu’on leur donne
Habit, bourse, cheval… Oh ! J’en suis dégoûté.
Mais du moins sur la carte on marche en sûreté.

Le chevalier

Qui te parle, dis-moi, de faire ce voyage ?
La marquise, à mon goût s’oppose.

Frontin

La marquise, à mon goût s’oppose. Elle est fort sage.
Vous ne vous piquez pas de trop lui ressembler.
C’est une mère unique.