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et aimable ; il chantait fort joliment, surtout des chansons poissardes, ou le vaudeville qui avait quelque caractère. Il n’avait pas fait ses études, et ne savait rien d’ailleurs ; il n’avait pas même lu tous les Théâtres, et les autres auteurs qui ressortissaient à son art. Je l’ai pressé bien des fois de faire une étude particulière de tous ces livres, qui pouvaient augmenter et étendre son talent, et de se retirer de la vie dissipée qu’il menait. Il avait déjà gagné sur lui de refuser une partie de ces soupers dont les chansonniers sont assommés pour peu qu’ils s’y prêtent ; il aimait le jeu à la fureur, et on m’a assuré que cette passion n’a pas peu contribué à lui brûler le sang, qu’il n’avait pas déjà trop pur, pour avoir vécu avec toutes ces coquines de l’Opéra-Comique. Dans les derniers temps, il vivait sagement avec mademoiselle Verrier, qui lui a donné, pendant sa maladie, des preuves de l’attachement le plus respectable ; cette digne créature l’a veillé pendant vingt-sept nuits, et a emprunté de tous côtés pour fournir aux frais de sa maladie ; elle en a été bien mal récompensée par le père de Vadé, qui, conseillé par ses procureurs, a réduit cette fille et un enfant qu’elle a eu de Vadé à la mendicité absolue. Elle avait entre ses mains deux opéra-comiques du défunt qui n’avaient point encore paru ; elle m’a fait prier, par M. Coqueley, avocat, et du Journal des savants, de les finir ; je l’ai promis à M. Coqueley, mais sons le sceau du plus grand secret, et à condition que la Verrier elle-même n’en saurait rien. Mais il s’est