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Dès 1749, il jouissait déjà d’une certaine réputation comme chansonnier poissard ; en effet, à propos d’une comédie en un acte, intitulée : les Visites du jour de Van, qu’il fit jouer le 3 janvier, nous lisons, dans le Journal de Collé[1] : « Cette petite pièce n’a été donnée que cette seule fois ; elle fut sifflée unanimement. Elle est d’un nommé Vadé, qui a fait de petites poésies dans le goût poissard ; j’en ai vu quelques-unes. Sa manière est de peindre des bouquetières et des harengères qui se querellent ; et il emploie à ce coloris tous les mots bas qu’elles se disent, à la vérité d’une façon assez naturelle. »

Et là-dessus maître Collé d’anathématiser le genre poissard et la parade comme « genre opposé au bon goût et à la belle nature. » Mais ne pouvant dissimuler qu’il a lui-même usé et abusé de la parade, pendant qu’elle était à la mode, il fait son acte de contrition, déclare qu’il méprise ses propres parades tout autant que celles qui ne sont pas de lui, et qu’il regarde ses amphigouris sicut delicta juventutis, comme des délits de jeunesse, « en exceptant, cependant, ajoute-t-il. Cocatrix, pour qui, même encore aujourd’hui, je me sens du faible ; mais je sens bien que c’est du faible. Après cette digression d’égoïste, revenons à la pièce de Vadé.

« Indépendamment, du reste, de la bassesse du style,

  1. Journal et Mémoires de Collé, nouvelle édition, 3 vol. in-8° publiée par Honoré Bonhomme.