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Il s’applaudit et s’enflamme aisément :
Et voilà comme, et voilà justement
Comme on fait d’un novice un amant.

On se fait un amusement
D’un feu plus doux, plus flatteur que sincère.
Jusqu’à ce qu’Amour s’éloignant,
On ait à craindre un prochain changement :
Bientôt Hymen devant Notaire
Vient assurer et le cœur et l’argent :
Et voilà comme, et voilà justement
Comme on fait un mari d’un amant.

Par-là l’honneur est à l’abri ;
Pour couvrir tout, l’emplâtre est sans pareille.
Ensuite on prend un favori
Galant, bien fait, vigoureux, bien nourri :
On quitte l’époux qui sommeille,
Pour voir l’amant qui n’est pas endormi :
Et voilà comme, et voilà tout ainsi
Comme on fait un cocu d’un mari.

Puis on le fait tant enrager,
Tant et si bien qu’on lui fait rendre l’âme.
Tandis qu’on feint de s’affliger,
Dans l’autre Monde il va se soulager.
Trop heureux en quittant sa femme,
Que son repos lui soit enfin rendu :
Et voilà tout compté, tout rabattu,
Comme on fait un défunt d’un cocu.