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— Bon, bon ! je ne crois point tout cela.

— Que diriez-vous donc, mademoiselle, continuai-je, si je vous racontais ce que l’on voit à l’Observatoire de Paris ? Croiriez-vous, par exemple, que l’on y montre un éperlan taillé dans le roc, à manche d’agathe, enveloppé d’un coton cardé à neuf, enrichi d’une cornaline de bronze peinte sur coutil, en façon de garde-robe sauvage, et que les yeux de cet animal ressemblent précisément à deux casse-noisettes, dont les paupières sont de plomb laminé ? Mais ce que l’on remarque de plus surprenant, c’est une motte à brûler qui est faite avec du buis béni que l’on prend par le col pour la jeter les quatre fers en l’air ; celui qui la jette retient croix, afin qu’il tombe beaucoup de pluie le jour de la Fête-Dieu ; si au contraire il vient pile, la motte se raidit en s’amollissant, et crie trois fois, sans qu’on l’entende : chasselas à la livre ! ensuite on prend une petite épingle de laiton boisée pour ouvrir une armoire de cire vierge incrustée en brique, d’où sort un tableau soutenu par trois chérubins de pâte de guimauve un peu marqués de la petite vérole ; le sujet de ce tableau est l’histoire du cochon de saint Antoine, auquel on a une singulière dévotion. La bordure représente une campagne voûtée à jour, remplie d’hannetons du nord perchés sur des palmiers apprivoisés, dont le tronc est de cire d’Espagne que les Suisses appellent catéchumène ; c’est une pensée, traduite de l’hébreu, parce que dans ce temps-là le peuple aimait tellement le fromage mou à la daube, que l’on était obligé de leur mettre trois fois le jour des papillotes pour chasser le tonnerre ; enfin au-dessus du genou gauche de l’un des chérubins, règne une espèce de charnière de bazin à quatre francs l’aune, reliée en veau, qui forme une lueur dont la vivacité