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Qu’à ce jeu tu n’es pas habile,
Je suis sûr qu’il te renvoyera.
Quelle honte pour toi ! Queu chagrin pour ta mère !
Tu pleures ? Va, ne pleure pas,
Il est un doux remède à ce triste embarras.
Je l’ai… — Tu l’as ? Ah ! dit-elle, j’espère
Que tu voudras… — Oh ! oui ! je ferai ton affaire ;
Mais pour ce service obligeant,
Alix, il me faut de l’argent…
— De l’argent ? Tiens, prends tout… — Bon cela, dit le sire ;
À présent couche-toi sur ce lit de gazon. »
Elle de se coucher, et lui de vous l’instruire,
De cette façon-là, puis d’une autre façon.
Alix se pâme, Alix soupire,
Et trois ou quatre fois répète la leçon.
La Belle en train de bien apprendre
Serrait Lucas, qui, las de besogner,
Par un air abattu lui fit assez comprendre
Qu’on ne peut toujours enseigner.
« — Sarviteur, lui dit-il, à demain la pareille.
C’en est bien assez pour ce jour. »
Puis le grivois, ami de la bouteille.
Fut célébrer Bacchus aux dépens de l’Amour ;
De son côté la savante Écolière
Poursuivant son chemin, arrive à la maison.
Elle entre ; mais alors point d’argent pour sa mère.
On en demande la raison ;
Un mensonge à propos raccommoda l’affaire.
Alix conte que des voleurs
Ont enlevé sa marchandise.
Ce récit effrayant aidé de quelques pleurs.