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Soignés, chéris de leur maîtresse ;
Force plantin, ensuite du bonbon,
Et par-dessus une caresse.
Baisez, mon fils ; baisez, petit mignon.
Baisez… Tous doux objets de la même tendresse,
On croira qu’ils vont vivre en un parfait accord,
On croira mal : la noire Envie
Du désir de primer suivie,
De nos deux Amphions vint troubler l’heureux sort.
Plus d’accents, plus de mélodie ;
Mais, par dépit chacun veut l’emporter,
Et puis soudain de disputer :
Avec un ton aigre on gazouille,
Et si l’on se met à chanter.
Ce n’est que pour se chanter pouille.
« — Je brille plus que vous, soyez-en averti,
Dit l’un ; ma voix touche plus que la vôtre.
— Vous êtes un sot, répond l’autre.
Et qui plus est, vous en avez menti.
Vous dites que votre voix flatte,
Mettez-en cent encor avec,
Pour m’égaler… — Qui ? vous, Monsieur de gosier sec !
De ce jour retenez la date,
Ne tombez jamais sous ma patte.
— Ni vous, dit l’autre, sous mon bec. »
Témoin de leur criaillerie
Leur maîtresse n’y comprend rien.
Quoi donc ! Quel baroque entretien !
Jamais Serins de canarie
N’ont en caquet qui ressemblât si bien
Au dur ramage de la Pie.