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Venaient des curieux grossir la multitude :
Bref, chacun y voyait ses défauts découverts.
On rougissait, on ne savait que dire :
Mais ai-je bien les yeux ouverts !
On les frotte, on les ouvre, et puis on se remire.
Mêmes objets de nouveau sont offerts,
Au diable le Miroir ! on s’y voit de travers.
Bon soir, la Vérité, gardez votre vitrage ;
Et puis sans la payer, on lui dit, bon voyage.
Pour s’enrichir, la Vérité
Avait sans doute pris le change :
La fortune n’est pas pour la sincérité ;
Nous ne payons que la louange.


IX

LES DEUX SERINS.

Soyons aimables sans orgueil.
Aux dépens des talents des autres
Ne faisons point valoir les nôtres :
Trop de présomption du mérite est l’écueil.

Deux Serins, tous deux du même âge,
Tous deux ayant même talent.
Avaient séparément leur cage
Dans un superbe appartement.
Vous eussiez dit être dans un bocage
Tout plein de Rossignols, tant leur charmant ramage
Portait au cœur un doux chatouillement.
Tous deux étaient également