Page:Vadé - Œuvres de Vadé, précédées d'une notice sur la vie et les oeuvres de Vadé - 1875.djvu/146

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Eh ! mon Dieu, qu’importe ! essayons…
— Vous le voulez ? Hé ! bien, voyons. »
Ils partent, le nageur habile
Sans se gêner arrive au bord,
Et l’autre, après une peine inutile,
Prêt à succomber sous l’effort,
S’aperçoit un peu tard qu’il n’est qu’un imbécile,
Et dans l’endroit le plus profond,
Les gourdes s’échappant de leur lien fragile,
Laissent couler mon sot à fond.

La science bien dirigée
Par les flots des revers n’est jamais submergée,
Le vrai mérite est un sûr aviron ;
Mais l’ignorance protégée,
Le Patron mort, fait le plongeon.


VIII

LE MIROIR DE LA VÉRITÉ.

Un jour la Vérité, dans une grande place
Montrait, pour de l’argent, un magique Miroir.
Oh ! oh ! dit le public, c’est une chose à voir !
Le monde y court. La merveilleuse glace
Avait entre autres le pouvoir
Quand on fixait les yeux sur sa surface,
D’en apprendre bien plus qu’on n’en voulait savoir.
Le faux dévot, la coquette, la prude,
Le traître, l’ingrat, le méchant,
L’orgueilleux, le faquin, le brutal, le pédant