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Et s’y prenant encor plus hardiment,
Il changea ma raison sévère
En un tendre frémissement.
Plus je crains, et plus il espère :
Il attaque si fortement,
Je me défends si faiblement,
Que maître de se satisfaire,
Il se satisfait aisément.
Il me plongea dans un ravissement
Dont je rougis… Enfin, mon Père,
Par quatre fois vainqueur au gré de ses désirs,
Il noya ma vertu dans les plus doux plaisirs ;
Son cœur… — Cela suffit. Je sais votre aventure
Dit le Pater avec un peu d’émotion ;
Vous donnez à votre peinture
Tant de vie et tant d’action,
Qu’elle prouve bien peu votre contrition.
La grâce est sans effet où règne la Nature,
Promettez-moi pourtant de fuir l’occasion
De revoir ce Tircis… — Hélas ! je vous le jure…
— Dieu seul doit remplir votre cœur.
Et non pas une créature :
Savez-vous où conduit ce plaisir corrupteur ?
À la perte de votre honneur ;
Au dégoût, au mépris d’un ingrat, d’un parjure.
Il en résulte encor un bien plus grand malheur,
Il vous prive de Dieu, pour qui vous étiez née.
Enfin d’une âme destinée
À jouir dans les Cieux de l’éternel bonheur,
Il fait une âme à périr condamnée.
Ma fille, allez en paix, et durant la journée