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Bientôt serait sans pouvoir et sans force,
Si nous savions dans ce siècle pervers
Leur opposer le flambeau de tes vers :
Alors l’erreur, mère et fille du vice,
Se creuserait soi-même un précipice,
Et la vertu dont tu connais le prix,
S’élèverait sur ses affreux débris ;
Mais du penchant tu connais la puissance
Et de nos sens la trop fragile essence,
Lorsque l’essaim des vives passions
Vient exercer ses persécutions,
Vient assaillir la faible adolescence,
Que veux-tu donc ? Par quelle expérience
L’homme à vingt ans pourra-t-il se sauver
De ces écueils qu’on a peine à braver,
Dans l’âge mûr ? Si le vieillard succombe,
Possible il n’est que le jeune ne tombe.
Si par le feu bois vert est allumé,
Plus vite encor le sec est consumé ;
Bien est il vrai qu’à qui doit être sage
Pas n’est besoin du secours du grand âge ;
Le goût, ami, le seul goût pour le bien
Pour y venir, est le plus sûr moyen ;
De la vertu le respectable germe
Est l’aliment du cœur qui le renferme ;
Mais son progrès languit et s’interrompt,
Dès que son suc par degrés se corrompt,
Par les désirs que la faible Nature
Transmet au sein de chaque créature.
On réduit peu la force du penchant :
J’en vais citer un exemple en passant.