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ardeur naïvement passionnées, en même temps qu’une remarquable fécondité d’imagination.

Ce qui caractérise, suivant nous, particulièrement Vadé, aussi bien dans ses pièces de théâtre et dans ses fragments de prose que dans ses poëmes poissards, c’est la franchise, la sincérité, la naïveté du rire. Par ces qualités, il est bien un vrai Français, un descendant de Villon, de Rabelais, de Scarron, ces pères du large rire à bouche déboutonnée.

Pourquoi Vadé, ce précurseur du réalisme, n’aurait-il pas trouvé la célébrité dans l’exploitation littéraire de la langue des halles, quand nous avons vu, tout récemment dans notre siècle, des romanciers se servir, avec tant de succès, de l’argot des bagnes, des prisons et des voleurs, et la littérature contemporaine s’enrichir du dictionnaire de la langue verte ?

En publiant aujourd’hui un choix des œuvres de cet écrivain qui a dû presque uniquement sa notoriété à la poésie poissarde, nous avons cherché, autant que possible, à le faire connaitre au public par des échantillons de ses productions dans tous les genres, car ce poëte, prétendu trivial, fut à la fois chansonnier, auteur comique, conteur, fabuliste, rimeur d’épîtres, romancier.

C’est même, à notre avis, son roman naïf des Lettres de la Grenouillère qui doit être regardé comme son chef-d’œuvre. Il est impossible de rien trouver de plus passionné, de plus vrai, de plus délicat que cette correspondance amoureuse de M. Jérôme Dubois, pêcheur