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Sont dans le cœur moins prélats que curés ;
Ce sont ceux-là que le Sauveur accepte,
Eux que l’on voit de sa croix décorés.
Voilà mes Saints, voilà ceux que j’invoque ;
Mais de par Dieu, les autres n’ont sur moi
Aucun crédit, et vous savez pourquoi.
Un Monseigneur, qui quelquefois se moque
De la leçon qu’il dicte à son bercail,
Qui chaque jour au plaisir se provoque
Par les poulets et poulettes qu’il croque,
N’est à mes yeux qu’un Seigneur de sérail.
Voluptueux dans le moindre détail,
Chaque moment lui rappelle l’époque
Où s’enrôlant sous le sacré camail,
Faisant au Ciel un serment équivoque,
Avec Vénus son cœur passait un bail.
Il en jouit ; il meurt, on le colloque
Au rang des Saints pour son pieux travail ;
Et puis on veut qu’après ce bel exemple
Dont tout Chrétien paraît scandalisé,
J’aille implorer son secours dans le Temple
Où la faveur l’aura canonisé ?
Non par ma foi. Tout ce que je puis faire,
C’est de prier le souverain des Cieux,
Ce Dieu clément, de pardonner à ceux
Qui très-souvent sont sûrs de lui déplaire.
En le chargeant de pareils bienheureux
Qui ne le sont tout au plus qu’en peinture.
Combien est-il de semblables patrons
Qu’on va chantant, fêtant outre mesure.
Bien enchâssés, étourdis d’Oraisons,