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Rendu, blasé par maint bachique effort ;
Cette amitié, quand chacun d’eux s’éveille,
Est mise au rang des excès de la veille,
Et ces élans si chaudement trompeurs,
Sont engloutis dans la nuit des vapeurs.
Heureux celui qui plein d’un noble zèle,
À cœur ouvert sert un ami fidèle,
Et qui sachant parler, penser, agir,
En l’obligeant ne le fait point rougir,
Soit qu’en tout point il prenne sa défense,
Soit qu’il l’arrache à l’affreuse indigence ;
L’amitié parle, il connaît ses accents,
Il la prévient, et par ses soins pressants
À ce qu’il aime il rend bientôt le calme
Sans exiger ni couronne, ni palme :
Le vrai plaisir, celui de bienfaiteur
Est tout le prix dont jouisse son cœur,
Et l’on ne sait dans cet instant propice
Lequel reçoit ou rend un bon office ;
Tels on nous voit : cette rare amitié
Brille chez toi par la belle moitié,
Mon cœur comblé remplit l’autre partie,
J’en fais l’aveu, sans que ta modestie
Puisse en gronder ; un cœur reconnaissant
Marche à l’égal d’un ami bienfaisant :
Aussi jamais la basse complaisance
N’ira me faire éprouver la distance
Qu’un financier croit que le ciel a mis
Entre son être et ses pauvres amis.
Jadis rampant au sein de la misère
Et n’aspirant qu’à l’honneur de leur sphère,