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Ce froid secours enfin est un blasphème
Que l’amitié peut frapper d’anathème ;
Elle aime mieux un refus bien placé,
Que d’obtenir un service glacé.
Ces doucereux, dont l’humeur philanthrope
Produit l’effet du flatteur microscope,
M’offrent en vain de grossir mes talents,
Et de trouver tous mes vers excellents.
Je me ris d’eux, leur encens me suffoque,
Autant qu’un sot en me prônant me choque,
Et pour ne point m’expliquer à demi,
Jamais un sot ne sera mon ami.
Dans ce qu’il fait, sachant mal se conduire,
En vous servant, il parvient à vous nuire ;
Vous échouez en suivant ses avis,
Ou le choquez, s’ils ne sont pas suivis.
On est toujours avec lui sur ses gardes ;
Qu’il soit l’ami de ces femmes bavardes
Dont l’œil éteint et le livide aspect
Sait inspirer un maussade respect.
Pour écouter leurs antiques merveilles,
Il n’est besoin que d’avoir des oreilles.
D’un tel organe un sot ne manque pas,
Voilà son lot ; je suis encore bien las
De ces rieurs, de cette plate espèce,
Amis de table échauffés par l’ivresse,
Qui tout de feu pour chaque convié,
Comme le vin font mousser l’amitié ;
À chaque verre elle engage, elle augmente,
Et dure autant que la liqueur fermente :
Mais on se quitte, ou se couche, on s’endort