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ÉPITRES

I

SUR L’AMITIÉ

monsieur ***

 
Ami très-cher, toi, dont la sympathie.
Malgré mon sort, ne s’est point démentie,
Je te connais, oui, de toi je suis sûr,
Et le présent me répond du futur ;
Ne va pas croire, en lisant cette épître,
Que de mes vers Apollon soit l’arbitre.
Par ton mérite à t’aimer excité,
Mon Hippocrène est la sincérité.
Loin, loin l’emphase ; Oreste envers Pylade
N’usa jamais de ce langage fade,
Ton frelaté qu’on affecte aujourd’hui,
Qui sans estime est aussi sans appui ;
Sensible aux traits de cette amitié pure,
Ce beau lien, honneur de la nature,
Je vois, ami, par ces feux éclairé,
Que ce doux titre est un titre sacré,
Et que ce nom, sous lequel on s’annonce,
Est usurpé si le cœur ne prononce.
Il est des gens inquiets, soucieux.
Pour leurs amis, parfois officieux,
Dont les bontés si tristement obligent,
Que leurs bienfaits à coup sûr vous affligent ;
Avec douleur ils vous font un plaisir,
Et leur secours a l’air du repentir.