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Amsterdam, et que son nom a surnagé à travers le temps et les événements, honneur que la postérité refuse à tant de poëtes du genre noble et académique, célébrés par les historiens littéraires et par les hauts critiques biographes.

Pourquoi la tradition populaire s’est-elle plu ainsi à casser le jugement des écrivains austères, et à faire une immortalité au poëte dédaigné ?

Ne cherchons point, de ce phénomène, d’autre explication que celle-ci : Vadé a eu une originalité tout à fait personnelle et créé un genre, le genre poissard, genre bas tant qu’on voudra, genre auquel on accorderait peut-être difficilement une place dans le temple du Goût, mais genre amusant, genre gai, franc, sincère, fondé à la fois sur l’observation, sur l’étude et sur une sorte d’inspiration comique. Or,

Tous les genres sont bons, hors le génie ennuyeux.

Enfin Vadé, si nombreux, si gais, si spirituels, si inspirés qu’aient été ses imitateurs, est resté le maître de ce genre qui récemment encore a eu un regain de succès et de popularité avec la Fille de madame Angot.

Du reste, ce n’est point seulement par la recherche du langage pittoresque des halles, par la richesse et l’abondance des assonances triviales, que se distingue la muse de Vadé ; le lecteur reconnaîtra aisément, sous ces images grossières, sous ces énergiques jurons, une véritable délicatesse de sentiment, une verve et une