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connaissance, au grand contentement de mademoiselle Babet Casuel (c’est le nom de la nièce). Il prit donc possession de son nouvel atelier, et, dès le lendemain, son hôte généreux et la Providence lui firent pleuvoir des gens mal peignés qu’il renvoyait contents comme des rois, et beaux comme des amours.

Peu à peu Félix s’arrondissait dans son petit manoir qu’il avait rendu assez honnête pour que l’oncle et la nièce y montassent les soirs. Le bonhomme aimait beaucoup la triomphe d’Auvergne, et l’amoureux Félix pour jouir plus longtemps de la présence de Babet Casuel, perdait toujours partie, revanche, le tout, les moitiés et le tout du tout : la belle sentait jusqu’à l’âme le motif de cette complaisance, outre la qualité de beau joueur qu’il laissait voir à travers un air content. Il est vrai qu’on ne jouait rien ; mais la gloire n’est-elle donc pas quelque chose ? Il la sacrifiait à Babet, pour laquelle il sentait de jour en jour croître son penchant ; ils n’attendaient qu’un moment favorable pour s’en faire mutuellement l’aveu ; ce moment arriva bientôt après.

M. Honoré, en sa qualité de juré de sa communauté, fut obligé le mercredi suivant d’assister à une réception de maître ; il laissa à Babet le soin de gouverner sa maison et elle-même. Elle s’acquitta fort bien du premier point, et l’amour se chargea de l’autre. L’impatient Félix, averti de l’absence de M. Honoré, descendit chez Babet à dessein de lui tenir compagnie : cette politesse, loin de lui déplaire, servit de prétexte à quelques questions tendres auxquelles l’animé Félix répondit avec transport. La timide Babet répliqua en rougissant : un baiser survint, les serments ensuite, et les voilà amants. Félix se mourait d’envie d’assu-