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au présent, se terminent en ont : i buviont le meilleur vin. — Certains infinitifs sont faits pour étonner, ils ont la prétention d’être plus réguliers : Je deviens donnera l’infinitif deviendre ; il pleut donnera l’infinitif pleuvre : Qu’allons-nous deviendre ? Il commence à pleuvre.

La règle des noms en al qui font leur pluriel en aux est trop compliquée, nous la simplifions en nous en servant ad libitum, mais le plus souvent en transformant le singulier, de sorte qu’il n’y a plus de difficulté pour le pluriel. Un carnavau, un chevau, un journau, un bau de loyer.

Les négations sont dans une même phrase très souvent multipliées sans raison ; il en est de même de l’explétif en, qui n’a le plus souvent aucune relation avec un mot de la phrase.

Une règle que nous constaterons souvent, c’est le remplacement d’une lettre liquide par une autre (l, m, n, r), en particulier de l par r, recorte pour récolte, parpiter pour palpiter, querque pour quelque, sordat pour soldat, consurte pour consulte, consultation, armanâ pour almanach, margré pour malgré, etc… On remarquera cependant que cette substitution n’a lieu que lorsque l est suivie d’une autre consonne.

Tous les noms qui commencent par une s suivie d’une consonne se prononce pleinement ess : esquelette, esplendeur, escrupule, estation, estatue, escorpion, escrutin, escurter, etc… C’est du reste du vieux français.

Un des côtés les plus comiques de notre genre de parler, c’est la corruption, disons mieux, l’estropiement des mots. Pour peu qu’un mot soit difficile ou peu commun, on est sûr qu’il sera estropié d’une façon comique, ridicule : un rhinocéros deviendra un rhinoféros ; un photographe, un potographe ; des ariettes, des henriettes ; un aqueduc, un archiduc ; de l’huile de ricin, de l’huile d’Henri V… etc… Ici le champ est vaste. On dit encore : chécun pour chacun, châtagne pour châtaigne, luquerne pour lucarne…

Une manie de cette tendance, c’est l’introduction du préfixe in, qui est une négation et qui finit par faire un contre-sens ; mais en revanche, on le fera disparaître du mot où il existe et est néces-