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il suffit d’un peu d’imagination, de quelque culture philosophique et d’avoir lu les classiques de la sociologie. Une réputation de sociologue n’est ni longue, ni difficile à faire. Il est un peu plus long et plus laborieux de devenir anthropologiste. Cependant, quand on a fait l’année d’anatomie qui commence les études médicales, et travaillé quelques mois dans le laboratoire d’un anthropologiste, il suffit de s’entourer des ouvrages d’anthropologie les plus indispensables, et de se créer un laboratoire à son tour, pour produire des travaux sérieux et estimables, de bonnes listes de mensurations et des tableaux bien faits. Il n’est point besoin d’autres connaissances, à moins que l’on ne s’embarque dans l’étude spéciale des races du passé ou de pays lointains, dont il faut d’abord débrouiller l’histoire et la géographie.

Dans notre science, il en est autrement. Il faudrait posséder presque l’universalité des connaissances humaines pour être à peu près sûr de ne jamais commettre une erreur, et de ne jamais omettre un élément important de la question. Il faut pouvoir consulter soi-même, sans recourir aux traducteurs, ou en contrôlant les passages importants des traductions, les documents indispensables même écrits dans des langues mortes ou peu répandues. Il faut avoir la pratique exacte de la statistique, et certaines notions de mathématiques dépassant le niveau élémentaire. Il faut connaître à fond la géographie des pays et la démographie des populations dont on s’occupe. Il faut connaître en détail l’histoire de chaque localité, pouvoir chercher soi-même dans les archives la preuve de certains mouvements anciens de population. Il faut être préhistorien, anthropologiste. Il faut être linguiste pour reconnaître la dérivation des noms, savoir l’histoire des