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transformiste, et Broca lui apprendre qu’il avait, sans le savoir, créé l’analyse ethnique.

La science a fait des progrès depuis 1868. Les deux adversaires combattaient sur le terrain du transformisme Lamarckien ou Cabanisien, ils croyaient les qualités acquises héréditaires sans distinction. Durand s’exagérait la puissance transformatrice du milieu sur l’individu, Broca ignorait quelles soudaines transformations peuvent faire sortir d’un individu une race dissemblable. Depuis, la doctrine darwinienne a submergé celle de Lamarck, l’hérédité des qualités acquises durant la vie adulte a cessé d’être admise, et le descendant a été rattaché non plus à son auteur apparent, mais aux glandes génitales dont ce dernier est seulement le milieu nourricier. Puis la théorie de la sélection a perdu beaucoup de terrain en biologie, on s’est aperçu qu’elle expliquait seulement l’origine d’un nombre limité d’espèces, la théorie des variations brusques, préconisée par De Vries est venue prendre une large place à côté de celle de Darwin et de Wallace, on a reconnu que les modifications de l’individu pouvaient intéresser les glandes génitales et la descendance quand elles altéraient le milieu nourricier, enfin le sélectionnisme a envahi les sciences sociales.

À quarante ans de distance le débat entre Durand et Broca peut donc être un peu mieux jugé que par les contemporains. Certainement Broca était plus près de la vérité. Les différences que l’étude de la taille, de l’indice céphalique, de l’indice facial, de l’indice nasal, de la couleur et de la mentalité nous révèlent entre les classes sont bien ethniques, et l’anthropologie de classe ne constate pas une simple transformation due aux milieu. Cependant Durand n’avait pas tout à fait tort : certainement le bien