de déprimer la moyenne, intervient la sélection ascensionnelle des meilleurs, ce que Dumont a justement appelé la capillarité sociale.
Quand dans la classe pauvre il se trouve des individus bien équilibrés, sobres, intelligents et travailleurs, il faut qu’ils aient bien peu de chance, ou se trouvent dans un milieu particulièrement défavorable pour rester pauvres toute leur vie. Ils s’infiltrent peu à peu dans le petit patronat, ou passent jeunes dans le commerce, et leurs enfants, quelquefois eux-mêmes, arrivent à une situation enviable. C’est ainsi que s’est élevée la classe des artisans urbains, antérieurs au machinisme actuel, qui a substitué aux ouvriers d’autrefois, déjà d’un certain niveau mental, de simples aide-machines, recrutables même parmi les déshérités de l’intelligence. Les petits-fils des cordonniers, des maçons et des menuisiers du 18e siècle font les neuf dixièmes des bourgeois d’aujourd’hui.
Les classes les mieux douées sont peu fécondes. Les familles qui occupent le haut de l’échelle sociale versent aisément dans la dégénérescence. Leurs dégénérés et ceux de la classe rurale se fondent dans la classe pauvre. La misère elle-même est facteur de dégénérescence. La postérité des dégénérés, même alliés à des familles saines, est frappée de dégénérescence par une hérédité presque inévitable. Les bons éléments des classes pauvres n’y demeurent pas et s’élèvent pour recruter les classes supérieures. Concluons. Si l’on ne se décide pas bientôt à faire de la sélection systématique, l’avenir de la race est en danger, et le mouvement démocratique, qui tend à transférer toute l’importance sociale aux classes pauvres et dégénérées, est un véritable suicide de l’humanité. L’évolution de l’homme n’est pas terminée : finira-t-il Dieu ou singe ? C’est la sélection qui décidera.