dant une descendance masculine. On a cité, notamment en Hollande, nombre de familles nobles réputées éteintes, simplement tombées dans les classes pauvres, d’où elles se relèvent de temps en temps. En Poitou, les neuf dixièmes des familles de la petite noblesse rurale du temps de Henri IV et même de Louis XIV sont tombées ainsi en décadence. Les unes ont cultivé leurs champs en s’appauvrissant de plus en plus et sont devenues purement paysannes, les autres ont occupé pendant le 18e siècle de petits emplois roturiers, notaires ou procureurs. Bien qu’elles ne figurent plus dans le nobiliaire, elles n’en subsistent pas moins. L’existence de ces familles déchues confirme et infirme à la fois la thèse de Jacoby. Elle montre de très nombreux exemples de déchéance de familles privilégiées, et en même temps elle prouve que l’extinction n’est pas aussi nécessaire que le pensait Jacoby.
On en était là quand parut le livre récent d’Alfredo Niceforo, Les classes pauvres, Paris, Giard, 1905). Avec Niceforo apparaît une thèse exactement inverse. Le livre n’est plus historique comme celui de Jacoby, mais très scientifique, l’ouvrage d’anthroposociologie documentaire le plus soigné qui ait paru depuis l’Anthropologie der Badener d’Ammon. Assurément la contribution est petite, l’auteur n’a étudié que la population de Lausanne, mais il l’a fait avec une bonne méthode, ne comparant que des séries comparables, c’est-à-dire différenciées par le seul caractère étudié. Cette méthode est d’un emploi si rare, bien que si nécessaire, que le cas mérite d’être signalé.
L’auteur a étudié d’abord 3147 enfants des écoles de Lausanne, tous de nationalité suisse. Il ne lui a pas été possible de faire sur tous, toutes les observations nécessaires, de sorte que pour chaque caractère étudié le nombre des