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me crient-ils, ‘ on vient de tuer nos frères ! Vous allez sans doute porter des ordres à la troupe ! À bas ! à bas ! ’ Mon cheval, affolé par leurs cris, se cabre ; ils profitent de ses mouvements pour me passer une jambe au-dessus de la selle et ils me renversent. Mes deux cavaliers d’escorte, entourés comme moi par la foule, ne purent m’être d’aucun secours. Ils me menèrent alors, au milieu d’une haie de cent à cent cinquante gardes nationaux, au Comité Central qui, disaient-ils, siège dans le Château-Rouge, établissement de bals publics, situé rue de Clignancourt. Pendant le trajet, qui dura environ une demi-heure, ils s’excitaient entre eux, m’accablant d’injures et de menaces.

“ Enfin nous arrivâmes au Château-Rouge, et après avoir traversé le jardin, je fus amené au pavillon où je devais rendre compte de ma conduite au comité annoncé. On me fit attendre plus d’une demi-heure devant la porte ; une foule de gardes nationaux m’entourait toujours, et devenait d’autant plus menaçante que personne ne donnait d’ordres.

“ Il était alors dix heures à peu près ; les uns voulaient me laisser dans le jardin, probablement pour en finir avec moi plus vite ; les autres voulaient me faire monter dans la maison auprès du comité ; ces derniers réussirent, et après une rixe violente avec leurs camarades, ils m’enlevèrent au premier étage de la maison. Là, je fus introduit dans une